Partager la publication "LA VIOLENCE DES POTICHES au Théâtre Pixel Avignon à 14H05 (1H10)"
« Il y a deux façons de se taire : l’une de se taire, l’autre de parler, de remplir l’espace.
Il y a deux façons d’être immobile : l’immobilité immobile ou l’immobilité gesticulatoire… Je pratique les deux ! »
Ainsi commence Isabelle de Botton qui dans une ronde de paroles nous entraîne dans les vies
de diverses femmes, héroïnes de monologues écrits par Marie Nimier.
Le personnage qu’interprète Isabelle de Botton nous raconte : elle aime lire mais un jour elle a la curieuse sensation que Marie Nimier s’inspire de sa vie à elle, lectrice passionnée et amoureuse des écrits de cette autrice.
Partant de là avec beaucoup de douceur et de charme, par petites touches de pinceau, Isabelle de Botton avec beaucoup de malice devient toutes ces femmes qui se livrent le temps d’un monologue.
Elle est « potichiste » et non potiche comme elle explique. La potiche, elle, est bien réelle et présente… elle est posée sur la scène énorme avec des frises bleues et elle, notre héroïne, va la peindre, s’arrêtant souvent pour nous parler, croisant les pensées de son personnage avec ceux de Marie Nimier.
Avec cette Potiche qui trône dans un coin tel le chevalet d’un peintre, deux pots, un immense et un petit constituent le décor. Du grand pot, notre héroïne sort des livres à la pelle, dans ce grand pot elle se réfugie parfois quand elle a besoin de tendresse…
Isabelle de Botton (émouvante, belle et savoureuse) peint sur sa potiche en blouse blanche et pantalon de panthère, sa chevelure magnifique défaite et nous découvrons que potichiste est un métier et qu’elle l’a exercé aux quatre coins du monde !
Ce jour là, elle peint cette potiche pour participer à un concours pour le 8 mars, journée internationale des droits de la Femme ! Et elle aimerait tant que Marie Nimier l’y accompagne à ce concours ! Elle aimerait tant de choses et ainsi entre le silence-bavardé, l’immobilité-gesticulée l’histoire de cette femme nous est livrée de manière douce-amère, une vie où être jeune fille n’est pas toujours facile quand les hommes se permettent de… et que toi tu n’oses rien dire, une vie de femme où il faut décider de quelle femme tu seras. Entremêlant sa vie avec celles des héroïnes de Marie Nimier, entretenant un dialogue avec cette écrivain, elle nous raconte ces femmes avec leurs différences, leurs peurs, leurs espoirs, leur âpreté, leur tendresse, leur amour de la vie, leur passion… toute une féminine humanité…
La mise en scène de Jean-Pierre Hané est simple et pétillante. Isabelle de Botton passe avec beaucoup de finesse, d’humour et d’empathie d’une femme à l’autre. Et comme elles nous sont proches ces femmes, et comme elles nous ressemblent, et comme on les aime. Et c’est bien là l’art de Marie Nimier de se glisser dans la vie d’autrui sur la pointe des pieds par la porte ou la fenêtre, pour nous raconter le temps d’un monologue une tranche de vie qui dévoile toute une vie, qui délicatement se fond et se confond avec nos propres vies.
Et Isabelle de Botton, elle, a l’art de les jouer ces vies de femmes et de nous les faire aimer !
A voir très vite ★★★
T. Volia
de Marie Nimier, avec Isabelle de Botton, M-S Jean-Pierre Hané, Chorégraphie Philippe Fialho, Scénographie Koko
La Violence des Potiches au théâtre Pixel Avignon, à 14H05, durée 1H10
relâches les 11, 23 et 24 juillet.
18 rue Guillaume Puy, 84000 Avignon