LA VIOLENCE DES RICHES au Théâtre des Carmes à 10H (1H10)

Une voix s’élèvera-t-elle un jour pour nous expliquer pourquoi il pleut toujours où c’est mouillé ?… Etre riche appelle-t-il vraiment à être de plus en plus riche ? Est-ce la fatalité qui pousse les Riches à accumuler de plus en plus de richesses ! Les Riches doivent-ils déménager pour ne pas payer d’impôts ? Est-il vrai que chez les Riches, ils sont tous rassemblés par ce qu’ils ramassent et ce qu’ils amassent ? Est-il vrai que les Riches assurent leur avenir en hypothéquant celui des moins riches, et même des moins moins riches ?

Oui, une voix s’est élevée, deux en réalité, celles de  Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, chercheurs et directeurs du CNRS, inspirés entre autre par Bourdieu et qui ont toute leur vie étudié le monde des « Riches ». Partant de leur livre « la Violence des Riches – Chronique d’une casse sociale » et de leurs autres travaux, la Compagnie Vaguement Compétitifs a décidé d’amener au théâtre, de façon ludique, exigeante, passionnante ces écrits dont la violence n’est pas dans les mots mais bien dans ce qu’ils nous dévoilent !

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A l’entrée de la salle, on nous distribue des stylos. Sur scène, une table de conférence, des banderoles, un panneau : Répétition 16 Novembre 2015. Un homme se met à nous parler, très vite interrompu par deux personnes assises parmi les spectateurs : le ton est donné, le spectacle commence… Car c’est bien de spectacle qu’il s’agit, d’un spectacle où les codes de jeu, de mise en scène sont réinventés, où pour rendre claire la complexité de ce qui nous est raconté, les acteurs jouent sur tous les niveaux comme les riches jouent sur tous les tableaux. Ils nous font rire, souvent et beaucoup, passant même par des moments de bouffonnerie, pour mieux nous cueillir et nous dévoiler le vrai visage de cette classe (pardon, on ne dit plus le mot classe !) de ce monde des riches, et de leur processus (toujours le même) pour dominer l’autre : séduire, diviser en flattant les uns, en terrorisant les autres, et puis tout casser pour plus, toujours plus gagner.

Passant d’un personnage à l’autre, les comédiens (parfaits) s’approprient avec intelligence, drôlerie, profondeur le texte adapté de façon extrêmement lumineuse par Stéphane Gornikowski, nous obligeant nous les spectateurs à tantôt participer, tantôt être les témoins de ce qui se produit dans notre monde. A nous de décider si nous restons complices des forfaits, de la démolition systématique de notre société commis par les riches ou pas… Car c’est bien de violence dont nous parle ce spectacle, celle faite à ceux qui n’appartiennent pas à l’élite, et même si le mot ne se dit plus, nous pouvons être certains que la guerre des classes existe encore et toujours. Ce sont les riches qui la mène et qui comptent bien la gagner !

Un combat inégal : d’un côté des ouvriers, des travailleurs qui croient en la valeur du travail, de l’autre une élite, celle des patrons dont le dieu est l’argent, et qui en son nom, assume une casse sociale de plus en plus radicale…

Grâce à la scénographique simple et inventive à la fois, les trois acteurs nous emmènent dans leurs réflexions, leurs interrogations mais aussi leurs démonstrations. Et toute la force de ce spectacle est là : nous écoutons et comprenons tous les concepts qui sont déroulés devant nous. Notre esprit s’aiguise, notre compréhension est de plus en plus large et nous jubilons de toute cette connaissance qui nous est transmise de façon aussi épurée, grave et joyeuse à la fois.

Une mise-en-scène rapide aux univers changeants dans laquelle les comédiens sont magnifiques, plein de mordant et de chagrin, évoluant d’un personnage à l’autre parfois avec truculence, violence, parfois avec finesse et gravité mais toujours sous-tendus par l’humour.

Et puis, la fin du spectacle, une note d’espoir qui nous émeut au plus profond de nous-même.

Les spectateurs sont passionnés, révoltés et passent du rire à la colère, de la moquerie à la rage et si leur conscience politique était endormie au début, elle se réveille très vite et ne demande plus qu’à se plonger en sortant du théâtre dans les livre de Michel Pinson et de Monique Pinson-Charlot.

Une pièce à voir de toute urgence.

T. Volia

La violence des riches au théâtre des carmes à 10H, durée 1H10

Conception et écriture : Stéphane Gornikowski

Mise en scène : Guillaume Bailliart

avec Sophie Affholder, Grégory Cinus et Malkhior

Collaboration à la mise en scène : Etienne Gaudillère

Avec la participation artistique de Laurent Hatat et Jeanne Menguy.

Création lumière : Annie Leuridan

Scénographie : Marilyne Grimmer et Yvonne Harder

Régisseuse : Caroline Carliez

Régisseur : Fred Flam

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